Samuel Eto’o : Un but la santé internationale !


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En grandissant dans les quartiers défavorisés de la ville de Douala, au Cameroun, j’ai appris à compter sur mes camarades pour sillonner les rues accidentées où nous jouions au football. Aux côtés de ces amis, j’ai découvert le sens des mots camaraderie et compassion. Avec les adultes cependant, j’ai appris ce que signifiait guider, conseiller, épauler et, parfois, punir pour cause de désobéissance. L’environnement dans lequel j’ai grandi donne réellement tout son sens au proverbe : « Pour élever un enfant, il faut tout un village ».
Cet apprentissage m’a permis de m’adapter aux difficultés, une qualité qui s’est d’ailleurs révélée très précieuse lorsque, âgé de 16 ans, je suis arrivé en Europe pour jouer au football. Dans mes bagages, j’avais un rêve, une passion, mais aussi des capacités de drible et le rythme voulu pour saisir la balle au bond et marquer, ce qui est un atout essentiel pour un attaquant. Ces aptitudes footballistiques, acquises malgré la rugosité du sol sur lequel j’avais l’habitude de m’entraîner, m’ont rapidement propulsé vers les terrains plats d’Europe et m’ont conduit jusqu’aux ligues majeures d’Espagne, d’Italie, de Russie, d’Angleterre et de Turquie.
J’aurais pourtant pu ne jamais y arriver. Enfant, j’ai été victime d’un nombre incalculable de crises de paludisme qui auraient très bien pu me coûter la vie. Seulement, j’ai été dans le camp des chanceux, contrairement aux millions d’enfants que la maladie a tués dans mon pays et partout en Afrique. Sans compter qu’en plus, j’ai grandi dans les années 1990, à une époque où rien ne semblait pouvoir arrêter le sida. Dans mon pays, j’ai vu des gens mourir à cause de l’épidémie et des communautés entières vaciller sous ses assauts.
J’aurais très facilement pu compter parmi les victimes de ces maladies dans ma communauté. J’ai appris à apprécier la chance que j’ai eu et à me demander comment m’acquitter de cette dette – comment jouer un rôle dans la lutte contre ces maladies et contre d’autres encore. Je suis un joueur de football et non un médecin ni un spécialiste en santé publique. Pourtant, j’espère contribuer à la victoire en faisant équipe avec d’autres pour combattre ces maladies. Je m’engage dans la bataille en portant haut les couleurs du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
En dix ans, la communauté internationale a repris du terrain sur ces maladies. Il se pourrait que nous ayons infléchi la courbe du VIH, de la tuberculose et du paludisme, qui, pourtant, continuent de prendre la vie à bien trop de personnes. Ces hommes, ces femmes et ces enfants incarnent beaucoup trop de rêves qui ne se réaliseront jamais. C’est pourquoi nous devons continuer d’agir.
J’espère apporter ma pierre à l’édifice en racontant mon histoire et, plus important encore, celle des personnes touchées par ces maladies. Ces histoires sont multiples et variées. Elles parlent de jeunes filles qui ont vécu et sont devenues médecins, ou encore enseignantes et agricultrices, ciments de leurs communautés. Elles parlent de garçons, comme moi, qui ont survécu à ces maladies et ont pu jouer au football, au basketball ou d’autres sports à un niveau international, avant de revenir pour changer les choses dans leurs communautés et en dehors de celles-ci. Ces hommes et ces femmes n’ont pas seulement vaincu la maladie, ils et elles sont également devenus des agents du changement pour nos pays.
J’espère qu’avec ces histoires, nous pourrons rassembler la communauté internationale autour de nos différences et de nos atouts variés et, ensemble, poursuivre le combat contre ces maladies avec un objectif en vue : y mettre fin. Je suis convaincu qu’en faisant preuve de détermination et en collaborant avec le partenariat du Fonds mondial, nous pouvons écrire le dernier chapitre de ces maladies.
Le courage et la détermination sont des qualités essentielles dans le football et dans la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. L’un des moments les plus importants que j’ai vécus avec le football a été la finale de la Coupe d’Afrique des nations entre le Nigeria et mon pays, le Cameroun. À l’époque, j’étais adolescent, mais j’ai marqué le premier but et j’ai fait la passe décisive pour le deuxième. Nous avons fini par remporter cette grande finale aux pénaltys. J’ai connu d’autres moments d’exception dans ma carrière.
De tout ce que j’ai fait dans le football, jouer pour mon équipe nationale a été ma plus grande source de fierté, à commencer par la Coupe du monde de 1998, où, à 17 ans, je représentais mon pays en étant le plus jeune joueur de la compétition. Être appelé à endosser le maillot de mon pays le Cameroun, faire partie de ces « Lions indomptables » a toujours été un très grand honneur, l’occasion de rembourser ma dette envers les personnes qui m’ont construit. Le Cameroun coule dans mes veines et chacune des fois où j’ai porté le maillot de mon équipe nationale a été une occasion unique pour moi et une grande fierté.
J’espère faire profiter mon pays et l’Afrique de l’expérience que j’ai acquise dans le football, au travers de mon soutien au partenariat du Fonds mondial, qui a contribué à sauver plus de 17 millions de vies dans mon pays et dans le monde. Le football est un puissant instrument, un langage qui se joue des frontières et que nous pouvons utiliser pour combattre des maladies infectieuses qui, elles aussi, ne connaissent aucune frontière. Pour remporter la victoire sur ces maladies, il faudra que tout le monde joue collectivement. C’est pour cette raison que je m’engage sur le terrain de la santé internationale. Je veux jouer un rôle de premier plan, être un nouvel attaquant dans cette mission d’urgence. Pour moi, aider à sauver des vies est le combat le plus important de ma vie.

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CAMFOOTNEWS

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